Vabali Spa Berlin - Oasis de Détente avec Sauna & Hammam
Berlin. Mercredi soir, au fin fond de l'hiver, un hiver dont on pense ne jamais pouvoir échapper. Une semaine qui s'éternise. Un journée interminable au bureau.
Je sors de Hauptbahnof, les gens sont pressés, incompréhensifs envers moi et le poids du monde sur mes épaules. Je longe des avenues saturées de voiture peu aimables avec le piéton que je suis.
Il est 19h30 quand je pénètre pour la première fois dans le temple de Vabali.
A la réception, on me parle avec un regard aimable, on me demande si je souhaite un casier avec ou sans vidéosurveillance et on me tend la montre magnétique que j'accroche au poignet. Je franchis le portail d'entrée. Et d'un coup, subitement, le monde est loin, loin derrière. Je traverse une promenade extérieure couverte, déjà on aperçoit des bouddhas couchés, déjà l'agitation du monde s'éloigne. Au bout de 50 mètres, j'entre dans un second batiment où l'on me donne un peignoir et deux serviettes. Et doucement, une chaleur étrange m'envahit, celle de la volupté, celle du confort et du luxe. Je marche lentement dans le couloir qui mène au casier, de tous côtés des gens sourient, de tous côtés du bois, du bambou, des matériaux nobles, du genre qu'on aimerait mettre dans sa salle de bain, une salle de bain où l'on organiserait ensuite des réceptions toute la nuit parce que c'est trop beau et trop élégant pour ne pas être vu et partagé une salle de bain comme ça.
Vabali (Credits: vabali spa Berlin)
Vabali sort lentement ses tentacules. Je me déshabille, j'enfile un peignoir et je laisse mes lunettes dans mon casier. Désormais je ne verrai pas à plus de deux mètres, le reste ne sera qu'un flou magnifique et coloré. Je suis prêt à me perdre à travers les 20.000 mètres carrés du lieu, les 4 bains, les 2 piscines, les 7 saunas et les 4 hammams.
Après la sortie des vestiaires, j'arrive directement dans une sorte de patio incroyable sur deux étages, avec au centre une piscine et des chaises longues. Cela ressemble à un riad de Marrakech. Tout autour des saunas et des hammams d'inspiration romaines ou ottomanes, avec différentes thématiques. Un grand tableau en bois indique les différentes célébrations programmées dans les plus grands saunas du lieu. Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne sais pas trop. Je ne vois rien. Mais les gens se pressent déjà à l'intérieur du sauna. J'en profite pour sortir. Une immense piscine chauffée à l'extérieur est entourée de plantes et de cabanes en bois. Je flotte nu, il n'y a personne d'autre que moi. Un peu plus loin, deux bains chauds dissimulés derrière les roseaux. J'y somnole quinze minutes. Il est déjà temps pour un autre sauna. A l'étage, avec une vue sur ce qui ressemble à une forêt balinaise, la piscine en contrebas. La musique, partout la musique, minimale, hypnotique, qui vous traverse le corps et vous ensorcelle. Partout du beige, du marron, du vert, des tapis, du marbre, du bois précieux. Et des canapés, des sièges, où on s'installe, avec une lumière parfaite, une lumière qui n'appartient qu'à nous, qui vous isole du monde.
Sauna Vabali (Credits: vabali spa Berlin)
Combien sommes-nous en ce moment à profiter du luxe chaleureux de Vabali ? Des centaines ? Des milliers ? Ca n'a aucune importance. Je suis seul au monde. Il n'y a que moi. A l'étage, d'autres bains extérieurs. Est-ce un homme ou une statue bouddhiste à l'angle entre les plantes, le bois et la lumière oblique ? Je ne vois rien et mon imagination (ou est-ce la réalité ?) construit un monde fantasmagorique, au milieu de la jungle balinaise, en travers des rizières. Je m'accroche à la réalité. Bain au lithium et au calcium, pour la protection et la défense de la peau. Il fait 5°, je ne m'en rends plus compte. Je marche nu sur la terrasse extérieure. Et je rentre dans un sauna. Il fait sombre. Il fait chaud, beaucoup plus chaud que dans celui de tout à l'heure, avec vue sur la forêt (ou était-ce une rizière ?). Partout des hommes, des femmes, quelle différence, je ne vois rien. Partout des corps. Je m'installe où je peux, maladroitement. Au fond de ces rangées de corps, une femme surgit, elle semble vêtue, elle agite une sorte d'ombrelle pour faire circuler l'air chaud.
La session se termine. Les corps applaudissent, quittent le sauna, je reste encore un peu. La femme habillée s'approche de moi, elle m'explique que quand...
Je rapproche mon visage du sien, pour la comprendre, j'ai besoin de la voir, nos visages sont à moins d'un mètre l'un de l'autre, dans la chaleur épicée du sauna. “Je disais : quand il y a une célébration et que vous voyez ce panneau-là à l'entrée, vous ne pouvez pas entrer.” Elle me montre le panneau, je ne lui réponds pas qu'il n'y avait aucune chance de le voir, je m'excuse et je lui souris. Il n'y a plus de contrainte ou d'interdit, il n'y a plus de normes. Tout se libère. Je m'arrose d'eau glaciale (il n'y a pas de bain ou de seau d'eau glacée). Je perds toute connexion avec le sens du monde. Je me laisse glisser lentement dans un état vaporeux. Je circule dans ce labyrinthe gigantesque. Je m'allonge sur ce qui ressemble à un lit à baldaquin, je me dessèche une dernière fois dans un hammam compartimenté. Tout flotte à la surface. J'ai retrouvé mon corps, j'ai retrouvé une place à l'intérieur de mon corps.
Il est 23h30 quand je traverse, de nouveau habillé, l'allée couverte, avec des bouddhas allongés de chaque coté.
Je marche. Rappelez-vous. Mercredi soir. Au fond de l'hiver, au fond d'une semaine interminable. Je suis retourné dans le ventre de la matrice. C'est la mort de l'hiver. C'est une renaissance. Je suis nettoyé du monde. La vie peut désormais reprendre.
Vabali.
Alors pour terminer ce billet, beaucoup m'ont demandé de comparer Liquidrom à Vabali, ce qui semble être les deux espaces de bien-être les plus populaires de Berlin. Je ne sais pas comment les comparer, il n'y a rien de comparable. Ce sont deux ambiances très différentes.
Le charme exotique de Vabali face au design épuré et intemporel du Liquidrom. Peites cabanes en bois versus design contemporain en béton. Vert vs Bleu foncé. Extérieur vs intérieur. Nature vs culture. Un débat sans fin...
Bref, il faut que Vabali soit rapidement remboursé par la Krankenkasse, au moins pendant l'hiver.
40€, pout 4 heures avec le peignoir et les serviettes.
Un conseil : Allez-y de préférence en semaine et si possible après 18h. Vous en profiterez davantage car il y aura moins de monde.
Carte, Adresse et Prix
Horaires d'ouverture : Lundi au dimanche de 9h à minuit
Prix : 22,50€ (2 heures), 30,50€ (4 heures) - 2/3€ de plus le week-end
Métro : U55 / S-Bahn Hauptbahnhof, Tram M8 Lesser-Ury-Weg
Adresse : Seydlitzstraße 6, 10557 Berlin (Moabit)
John-Henry Brichart
Auteur
J'écris des romans, des nouvelles, je traverse le monde, prends des photos, m'enivre et m'éparpille. J'ai étudié le journalisme et travaillé comme freelance à Bruxelles avant de partir vivre à Lisbonne et aujourd'hui à Berlin. Dans toutes ces villes j'ai créé des jeux de piste urbains pour l'app gemotions.