Où voir les Vestiges et Restes du Mur de Berlin aujourd'hui ?
Impossible de dissocier Berlin de son Mur. Symbole de la guerre froide, il continue de marquer les esprits par sa présence de part et d’autre de la ville.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Berlin et l’Allemagne sont divisées en quatre secteurs d’occupation répartis entre les alliés soviétiques, américains, français et britanniques. Les Soviétiques gèrent le côté Est, tandis que l’Occident se partage l’Ouest. Dans les années qui suivent, de très nombreux Allemands de l’Est profitent de la libre circulation entre les deux zones pour fuir vers l’Ouest. Afin de stopper cette migration massive et conserver leur main d’oeuvre, les dirigeants communistes ferment soudainement leurs frontières. Au matin du 13 août 1961, les Berlinois se réveillent dans une ville séparée physiquement en deux.
S’il s’agit au début de simples barbelés et de soldats positionnés sur les lignes de démarcation, un dispositif militaire complexe est rapidement mis en place. Celui-ci est composé de plusieurs murs, un d’arrière-plan et un extérieur, entre lesquels se tiennent un chemin de ronde, un no man’s land, des pylônes d’éclairage et une clôture de signalisation. Le « mur de Berlin » était né et fractionnera la ville pendant plus de vingt-huit ans.
Le 9 novembre 1989, un officier déclare à la télévision que les procédures de visa des Ossis (Allemands de l’Est) sont assouplies. Ces derniers affluent en masse aux postes-frontières et en forcent l’ouverture. Pour la première fois depuis près de trois décennies, l’Est et l’Ouest sont à nouveau libres de se mélanger. Les Berlinois, enfin réunis, s'empressent de démolir le "Mur de la honte".
Quelques vestiges subsistent toutefois à travers la capitale allemande. Nous vous proposons de découvrir 15 endroits historiques du Mur de Berlin, répartis par quartier pour faciliter votre visite.
1. East Side Gallery: le plus long morceau de mur encore visible (Friedrichshain)
Mur de Berlin, East Side Gallery a Berlin
À proximité de l’Oberbaumbrücke, l’East Side Gallery est le vestige du Mur le plus célèbre. Avec ses 1 316 mètres, il est aussi le tronçon de mur le plus long de Berlin. Lorsque celle-ci est divisée, la Spree, le fleuve qui traverse Berlin, fait office de no man’s land. Le dispositif frontalier est allégé dans cette zone et il ne reste donc plus que cette portion de mur d’arrière-plan.
En 1990, des artistes de 21 pays sont invités à peindre la surface de béton de leurs œuvres. Certaines d’entre elles sont devenues emblématiques. C’est le cas du « baiser fraternel » entre les dirigeants soviétiques Brejnev et Honecker réalisé par l’artiste russe Dimitri Vrubel. Ou encore « Test the Best» et sa Trabant, voiture iconique de l’Est, qui transperce le Mur. La galerie a été rénovée intégralement en 2009. (voir les 10 oeuvres les plus connues de la East Side Gallery)
Adresse : Mühlenstraße 3-100, 10243 Berlin
2. L'ancien poste de commandement Schlesischer Busch (Alt-Treptow)
Ancien poste de commandement "Führungsstelle Schlesischer Busch" (Alt-Treptow)
À 15 minutes à pied de l’East Side Gallery et de l’Oberbaumbrücke, cet ancien poste de commandement est visible depuis la Puschkinallee. D’une hauteur de 10 mètres, il commandait 18 miradors environnants ainsi que leurs dispositifs électriques. Il a été entièrement restauré en 2004.
Adresse : Puschkinallee 55, 12435 Berlin
3. Restes du mur dans la Bornholmer Straße, ancien poste-frontière (Prenzlauer Berg)
Bornholmer Straße accueille pendant vingt-huit ans un des douze postes-frontières qui permettent le passage entre la République démocratique allemande (RDA) et la République fédérale d'Allemagne (RFA). Le 9 novembre 1989, un officier de la RDA déclare à la télévision que les Allemands de l’Est peuvent désormais se rendre en RFA. Un grand nombre d’Ossis se rassemblent alors à la Bornholmer Straße et exigent de passer vers l’Ouest. Les autorités étant débordées par la situation soudaine et l’afflux de la foule, le point de passage s’ouvre peu après 23 h. Il est le premier avant d’être suivi par d’autres postes à travers la ville.
Aujourd’hui, en longeant la Bornholmer Straße, de la Björnsonstraße au Bösebrücke, une portion quasi intacte du mur d’arrière-plan est visible. Au sol, des indications retracent heure par heure le déroulé des évènements de cette journée historique. Une exposition permanente est également disponible sur la place commémorative du 9 novembre 1989.
Adresse : Platz des 9. November 1989 / Bornholmer Str. 70, 13359 Berlin
4. Vestiges du mur dans la Norwegerstraße et Behmstraße
Sur la Platz des 9. November 1989, descendre les escaliers qui mènent à la Norweger Straße et prendre à gauche. On peut suivre des pans entiers d’un mur datant de 1900 qui délimite la voie ferrée adjacente. Ce mur était utilisé dans le dispositif frontalier et en constitue, à ce titre, une relique.
5. Bernauer Straße - Le mémorial du mur de Berlin
Restes du mur dans la Bernauer Straße
Lorsque Berlin est divisée en deux, la Bernauer Straße connaît le même sort. Ses trottoirs côté sud appartiennent à l’Est, ceux côté nord à l’Ouest. Les Ossis se servent des habitations à l’Est pour fuir la RDA et n’hésitent notamment pas à sauter des fenêtres pour gagner la RFA. Ces immeubles sont alors murés, au rez-de-chaussée, puis aux étages supérieurs, puis finalement rasés. À leur emplacement se tient actuellement le mémorial du mur de Berlin. Il s’agit du seul lieu où l’on peut encore voir le dispositif militaire frontalier dans son intégralité, tel qu’élaboré dans les années 1980.
Memorial du mur de Berlin (Gedenkstätte Berliner Mauer)
L’ensemble commémoratif comprend des tronçons entiers du Mur ainsi qu’une installation de plaques et poteaux d’acier représentant l’ancien "rideau de fer". Le centre de documentation du mur de Berlin, une plateforme d’observation et la "Chapelle de la réconciliation", hommage à l’église détruite en 1985 par le régime est-allemand, peuvent aussi être visités gratuitement.
Centre d'accueil (Besucherzentrum) : Bernauer Straße 119, 13355 Berlin
Centre de documentation (Dokumentationszentrum) : Bernauer Straße 111, 13355 Berlin
Horaires d'ouverture : Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
6. Mauerpark et le mur pour faire des graffitis (Prenzlauer Berg)
Terrain incorporé dans le no man’s land du dispositif frontalier, ses riverains militent pour sa transformation en espace vert après la chute du Mur. Il est aménagé en parc et ouvert au public en 1994. Le nouveau Mauerpark (Parc du Mur) devient bientôt un lieu très apprécié des Berlinois et des touristes qui viennent y savourer son ambiance décontractée.
Aujourd’hui, les visiteurs se pressent le dimanche pour profiter de ses pelouses et terrains de sport ainsi que son marché aux puces, sans oublier son incontournable karaoké. L’espace public conserve en son sein un vestige du mur de Berlin. Une portion d’environ 300 mètres sert désormais d’espace légal de graffiti et fait le bonheur des graffeurs et amateurs de street art.
Adresse : Bernauer Str. 63-64, 13355 Berlin
7. Park am Nordbahnhof
Restes du Mur de Berlin, Park am Nordbahnhof
Ce parc situé en face de la Nordbahnhof (Gare du Nord) a été construit sur les fondations d’une ancienne gare. Lors de la séparation de la ville, le terrain fait partie des installations frontalières entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Très vite après la chute du Mur, la végétation reprend ses droits et il est décidé de la conserver en créant un jardin public. Le mur qui délimite l’espace vert de la voie ferrée est constitué en grande partie des restes du Mur.
8. Restes du mur dans la Liesenstraße
Vestiges du mur dans la Liesenstraße
Une petite portion du Mur est visible au croisement de la Liesenstraße et de la Gartenstraße, à proximité du Liesenbrücken, pont sur lequel passe le S-Bahn.
9. Cimetière St. Hedwig (St. Hedwig-Friedhof)
Dans la continuité de la Liesenstraße, le cimetière St.Hedwig héberge un pan du Mur. Celui-ci se situe sur le premier chemin à droite après l’entrée principale.
10. Cimetière des invalides (Invalidenfriedhof)
Mur de Berlin dans le cimetière Invalidenfriedhof
Ce cimetière construit en 1748 est l’un des plus anciens de Berlin. Sur les bords du canal de Spandau, il a longtemps été la dernière demeure d’illustres militaires prussiens avant d’accueillir des civils.
Lors de la division de Berlin par les Alliés, le tracé frontalier passe au milieu du site. Et lorsque l’Allemagne de l’Est renforce ses frontières en 1961, le cimetière est partiellement démoli. Le dispositif frontalier est érigé entre les tombes restantes avant que ces dernières ne soient toutes ensevelies.
Dès 1990, il est décidé de redonner au cimetière sa fonction première avec la reconstruction de certaines tombes tout en conservant une partie du Mur, longue de 180 mètres, encore observable aujourd’hui.
Adresse : Scharnhorststraße 31, 10115 Berlin
11. Kieler-Eck - Mémorial Günter-Liftin
À deux pas de l’Invaliden Friedhof, sur la Kieler Straße, l’un des 302 miradors qui jalonnaient la frontière Est-Ouest a été conservé en l’état. L’ancien poste de commandement, désormais entouré d’immeubles, est aussi un mémorial pour Günter Liftin, l’une des premières victimes du Mur.
Allemand de l’Est qui travaillait à l’Ouest, le renforcement des frontières met fin à ses projets de carrière. Le jeune homme de 24 ans décide alors de rejoindre l’Ouest à la nage dans le canal aux alentours. Malheureusement, des gardiens le repèrent depuis ce mirador et, après quelques tirs d’avertissement, finissent par l’abattre.
Le mémorial ainsi que la préservation de l’édifice ont été décidés à l’initiative de son frère après la chute du mur.
Le mémorial est ouvert au public de mai à septembre, les samedi et dimanche de 10h à 16h. Des visites guidées sont proposées régulièrement.
Adresse : Kieler Straße. 2, 10115 Berlin
12. Morceaux de mur sur la Potsdamer Platz et Leipziger Platz
Vestiges du mur à Potsdamer Platz
Avant la guerre, Leipziger Platz et sa voisine Potsdamer Platz sont des épicentres prestigieux de la vie berlinoise. Fortement endommagées par les bombardements et les combats que subit la capitale, elles ne sont plus que champs de ruines à la fin du conflit. Après la séparation de la ville, les lieux coupés en deux deviennent un vaste no man’s land, immortalisé par le film Les ailes du désir de Wim Wenders.
Après un gigantesque chantier de reconstruction, Potsdamer Platz et Leipziger Platz accueillent désormais des centaines de milliers de visiteurs par an. Ceux-ci se pressent dans les immenses centres commerciaux, attractions et cinémas environnants. Ils peuvent également chercher les portions de Mur qui y ont été réparties de part et d’autre. Notamment un morceau près du pavillon traditionnel coréen sur Potsdamer Platz.
13. Mirador dans la Erna-Berger-Straße
Mirador dans la Erna-Berger-Straße
Entre la Potsdamer Platz et la Niederkirchnerstraße, un mirador octogonal de 1961 se tient toujours dans l’Erna-Berger-Straße. Il fait partie de la première génération du dispositif frontalier, celui-ci ayant été sans cesse amélioré pendant son existence.
Un tronçon de mur peut être également observé depuis les vitrines éclairées du Bundesministerium für Umwelt, Naturschutz und nukleare Sicherheit (Ministère fédéral de l'Environnement) qui fait l’angle de l’Erna-Berger-Straße et la Stresemannstraße.
14. Topographie de la Terreur dans la Niederkirchnerstraße (Mitte)
Restes du mur, Topographie de la Terreur, Niederkirchnerstraße
Sous le régime national-socialiste, les Nazis établissent les quartiers généraux de la Gestapo et des SS ainsi que le ministère de la sûreté intérieure sur la Niederkirchnerstraße. Les deux premiers sont bombardés puis détruits après la guerre. Au temps de la division de Berlin, le dispositif militaire de l’Est est installé dans cette rue qui mène au célèbre poste-frontière Checkpoint Charlie.
Après de vives discussions lors de la réunification de la ville, il est finalement décidé de conserver un tronçon d’environ 200 mètres du Mur. Celui-ci borde à présent le musée « Topographie des Terrors » (Topographie de la terreur) bâti sur les fondations du siège de la Gestapo. Partiellement dépouillé et abîmé par les « pics-murs », collectionneurs en quête de bouts d’édifice, il a été laissé en l’état.
15. Rüdower Höhe au sud de Neukölln
Parc aménagé dans les années 1950 qui offre piste de luge et autre terrasse d’observation, Rüdower Höhe (Hauteur de Rüdow) réjouit les amateurs de nature, à pied ou à vélo. Situé à l'extrémité sud de l’arrondissement de Neukölln, ce parc abrite également un vestige entier du Mur de 354 mètres de long. Protégé par un grillage, on peut encore y apercevoir la peinture blanche d’origine qui servait à repérer d’éventuelles silhouettes de fuyards. Quant aux graffitis, ils datent des années après la chute du Mur, ce pan de Mur n’ayant été classé qu’en 2001.
16. S-Bahn Schönholz / Reinickendorf
À la limite des arrondissements de Pankow et Reinickendorf, cette ancienne portion a été mise à jour en 2018 par Christian Bormann, un ancien Berlinois de l’Est. Située dans un bois à proximité du cimetière Pankow III et du Volkspark Schönholzer Heide, elle a été oubliée pendant près de trois décennies. Depuis, elle a été officiellement reconnue en tant que vestige du Mur et monument classé. Une clôture a été installée dans son périmètre afin d’éviter les pillages des « pics-murs ». Ce bout de mur reste tout de même observable à travers le grillage et ses environs ainsi que depuis la station de S-Bahn attenante.
Depuis la sortie de la station S-Bahn, prendre la direction nord sur Provinzstraße, tourner à droite sur le petit chemin de terre et continuer sur le sentier le plus à droite en bordure de la voie ferrée.
Carte des lieux où l'on peut voir des restes du mur de Berlin
Après plusieurs décennies, le mur de Berlin continue de marquer de son empreinte la ville qu’il a séparée pendant si longtemps. Ses reliques dispersées nous rappellent que, dans un passé encore récent, les déplacements y étaient limités et que cette liberté qui la caractérise tant était loin d’y régner.
Pour explorer plus en détail ce sujet, le Mauermuseum – Museum Haus am Checkpoint Charlie (Musée du Mur) ainsi que le mémorial et le centre de documentation du mur de Berlin accueillent les visiteurs toute l’année.
Le quotidien Berliner Morgenpost a également mis en ligne un site web interactif qui permet de comparer des photographies de la capitale avec et sans le Mur. Un éclairage édifiant sur une situation impensable aujourd'hui et pourtant bien réelle !
Mélodie Julienne
Auteure
Rédactrice web, je suis passionnée de cinéma et de littérature. Dès mon arrivée à Berlin, j'ai été charmée. Entre deux voyages, j'aime arpenter ses rues et me laisser porter par sa singularité, pleine de créativité. Une fascination infinie que j'adore partager !